# Bad day [LIBRE]

Mon portable venait de vibrer, planqué sous mon oreiller. Je ne savais même plus pour quelle raison il se trouvait là, mais quoi qu'il en soit, ce machin me sortit brutalement des mains de Morphée. J'ouvrais brusquement les yeux, le pays des songes laissant place à un plafond blanc sur lequel les ombres extérieur passant à travers la fenêtre venaient danser. J'ignorais l'heure qu'il était mais il faisait jour. La pâle lueur matinale transperçait les vitres plongeant la chambre dans une couleur dorée qui semblait fatiguée. Tout comme devait l'être le soleil. Il me fallut un certain temps avant de réaliser où j'étais, ne reconnaissant rien des objets qui composaient ce décore. Une chambre d'hôtel des plus banales que je n'aimais pas pour ne pas pouvoir la personnaliser comme je le voudrais.

D'un bond je repoussais les couvertures, les laissant tomber sur le sol. De l'air frais enveloppa ma peau, évoquant des frissons qui parcouraient ma nuque jusqu'au bas de mon dos. Pourtant je n'avais pas si froid que ça. Mon regard se riva sur la fenêtre entre ouverte. L'air qui y passait faisait voler un long rideaux blanc, le faisant danser de manière fantomatique qui me faisait rêver. Et pourtant, vint mon premier réflexe matinal. J'attrapais d'une main mon briquet & mon paquet de clopes le tout posé à même le sol. Je sortis du lit, traînant ma carcasse jusqu'à la fenêtre que j'ouvris en grand. Comme chaque matin, j'accordais à mes yeux un moment pour qu'ils s'habituent à la lumière, première grimace de la journée. Après quoi, j'enjambais la fenêtre, m'asseyant sur le rebord, mes jambes se retrouvant dans le vide. Je me fichais pas mal qu'il y ai des gens ou non. Et je me foutais royalement de leurs pensées. Je coinçais ma cigarette entre mes lèvres, puis attrapant mon briquet, allumait celui-ci contemplant dans un premier temps la flamme qui en naissait, appréciant sa chaleur s'évanouir sur mes mains.

Après une bonne douche, je me postais devant un miroir, observant mon visage un instant. Ma peau était blanche me donnant un air presque malade. Mais mes yeux bleus brillaient doucement prouvant le contraire. Je me séchais, et m'habillais d'un jean trop large, qui n'était en fait qu'une salopette déchirée sur plusieurs endroits qui ne tenait qu'à peine sur mes hanches. J'enfilais par la suite un tee-shirt noir et une ceinture large entourant ma taille. Il ne me manquais plus que les chaussures, de vieilles converses bariolées, déchirées, tâchées mais que j'aimais.

Je m'étais pressé de sortir de cet hôtel que je trouvais étrange. Le luxe et moi ça faisait deux. Je me contentais toujours du minimum. J'avançais sans me poser de questions, sans savoir où j'allais, respirant juste l'air frais qui envahissait mes poumons chaud, se mêlait à mon sang. Dans ma tête, sa voix tourne en rond comme une chanson passerait en boucle et comme une balle n'arrêterait pas de rebondir entre quatre murs. C'est un jour de plus, ou de moins, non mais franchement quelle importance...Midi est montré par le bout de grandes aiguilles retenues prisonnières dans une horloge. Le temps est lui même prisonnier. Je soupire, laissant des parfums de nourriture se mêler à l'air que je respire. Du chocolat chaud, du café, des odeurs de boulangeries...mais je n'ai pas faim, pour changer.

Arrivé dans l'un des ces endroits que je ne connais pas, je décide de m'assoir sur un banc, adoptant l'attitude d'une personne qui attend. Sauf que mes yeux se perdent dans l'immensité des cieux. Le vent calme et doux m'apaise, caressant mes joues légèrement teintées de rose après cette marche qui a durée, je ne sais combien de temps. N'ayant pas remarqué qu'il y avait quelqu'un assis à côté de moi, je continuais dans mon délire d'envier les oiseaux.

" Han ce que j'aimerais, moi aussi, être un oiseau..."

Murmurais-je avant de mordiller ma lèvre inférieur, le regard collé au plafond bleu.

Un oiseau. Pour me faire attraper par un chat ? Qu'on m'arrache les ailes, me décapite avec des dents. Tout compte fait, peut-être pas. Je préférais largement être superman avec un slip rose sur un pantalon vert. Ou mieux, être moi même. Encore faut-il savoir ce que ça voulait dire, être moi même. Au fond je n'étais pas certain de m'être trouvé, le chemin est encore long. Quand il était là, j'y étais aussi. Enfin c'est du passé...n'en parlons plus, comme dirait l'autre.

Mon regard se détacha du ciel, retombant brusquement sur terre. A nouveau je m'éveillais d'un long songe. Fini de se prendre pour ce que je ne suis pas, pour ce que je ne serais jamais. Superman n'existe pas, les oiseaux vivent dans un monde à part, le rose et le vert ne vont pas ensemble. A moins d'être une fille, étranges comme elles sont. Bon et si je regardais autre part que mes chaussures ? Mes yeux se détournent alors que mon visage est encore endormit. Je découvre alors un inconnu à côté de moi que je n'avais pas remarqué. Il était habillé comme la plus part des autres personnes, coiffé comme à la mode. Qu'il fut déjà là ou bien qu'il vienne d'arriver, je l'ignorais. Je me contentais de le regarder parce que je me sentais un peu bête. M'avait-il entendu ? Sûrement. Un fin sourire s'afficha sur mes lèvres, alors que je détournais vivement le regard que je figeais sur mes pieds, comme un gosse.

J'ignorais que dire. Je me sentais mal à l'aise sans comprendre pourquoi. Sans doute de trop.

" Je ne t'avais pas vu. Ca fait longtemps que tu es là ? "